Je suis une personne qui déteste être en retard. Je suis toujours en avance à mes rendez-vous et j’en suis fier. Je trouve ça respectueux envers les autres. Toujours assis à ma place avant une conférence ou une réunion. Je me trouve exemplaire.

Faut dire que j’ai un petit côté discret. Je ne supporte pas être le point de mire dans de telles situations.

 

…J’avoue. J’ai menti. Je ne suis pas toujours à l’heure, mais j’aimerais tellement l’être. Pourquoi faut-il que quand je suis en retard à une conférence ou à une formation, j’ouvre toujours la porte qui grince le plus, provoquant ainsi chez la grande majorité un geste instinctif de se tourner vers moi comme des chasseurs primitifs entendant le bruit d’une branche qui casse.

 

Peut-il y avoir pire? Oui! Moi qui par réflexe de survie de gibier débusqué m’apprête à longer les murs pour me faufiler dans les chaises arrières… Malheur! Il ne reste que quelques places à l’avant. Et me voilà moi, humain de 1,76 m et pesant 90 kilos, tentant de me transformer en une boule mobile, la plus petite et la plus rapide possible pour me rendre à ma chaise. Geste que je trouve idiot puisque une fois assis à ma place je sais bien que tout le monde m’a vu passer aussi ridicule que j’ai pu avoir l’air. Je vous épargne le fond de ma pensée quand arrive la pause et qu’une consœur de travail m’aborde en disant : « Hey André, té arrivé en retard! ». « Ha! T’as remarqué. »

 

À remarquer  que toute ma mise en scène a aussi pour but de ne pas déranger le conférencier. Mon geste est noble, même si je me promets qu’à la deuxième journée je serai à l’heure et m’assoirai loin derrière en espérant qu’il ne se souvienne plus de moi. Je pourrai ainsi regarder les retardataires avec mon air de gars parfait en me disant; « Pffeu! Ça s’peut tu arriver en retard à une conférence. »